jeudi 18 février 2016

Les impressions de Tours

Je viens de voir dans une ancienne vente aux enchères plusieurs timbres-poste 2 centimes report 1, identifiés comme impressions de Tours. Jusque là, rien d'étonnant quoique je ne sache pas vraiment ce que cela signifie, hormis que le timbre ne vienne pas de Tours et qu'il s'agisse d'une vignette dont le rendu est particulièrement fin.
Ce qui retient mon attention, c'est la couleur de cette impression de Tours : chocolat clair ! Tiens donc, je pensais que le chocolat clair était la couleur usuelle du report 1 et que la nuance de ladite impression de Tours était brun-rouge !?

2 exemplaires du 2 centimes : à gauche un chocolat-clair, à droite ce qui est présenté comme une impression de Tours. Effectivement les couleurs sont différentes, néanmoins le papier ne ma paraît pas trés jaunâtre. On pourrait même se demander s'il ne s'agit pas d'un 40B malgré l'absence des perles reliées
Donc me voilà reparti à consulter quelques-uns de mes livres, en commençant par ma"bible", l'ouvrage des Brown. Je ne suis pas anglophile, mais je trouve à cet ouvrage 3 avantages : il est à ma connaissance la plus récente monographie sur les Bordeaux, il est synthétique et surtout il cite ses sources bibliographiques !

Que dit on donc de cette "Tours print" (pages 48 et 52) ?
  • le papier est jaune,
  • le timbre-poste est particulièrement délicat, 
  • la nuance usuelle du report 1 est le chocolat sauf pour l'impression de Tours.
J'en étais certain ! Aurais-je raté quelque chose? Consultons nos autres ouvrages !
  1. Le spécialisé, édition  2000 cite une impression dépouillée brun-rouge. L'édition de 1975 précise qu'il s'agit de brun-rouge pâle sur papier jaunâtre d'impression remarquablement fine,
  2. Serrane (1925) p106, ne connaissait pas les 2 reports du 2 centimes mais cite un papier jaunâtre, allant jusqu'au jaune paille dans l'impression soignée dite de Tours ; il n'évoque pas la nuance de la vignette,
  3. Dillemann (1929) : 
    1. p44 et 45 : l'impression dite  de Tours est tirée en brun-rouge sur papier jaune. ce n'est pas une impression fine mais une impression dépouillée,
    2. p89 et 90 : Toujours brun-rouge sur jaune mais avec quelques exemplaires plus bruns ou au contraire plus rouge.
  4. Henri Lorne reprend le descriptif de Dillemann : il y aurait 2 variantes dans le tirage du report 1 : une variante chocolat et une variante de nuance brun-rouge pâle sur papier jaunâtre, dépouillée et fine, dénommée impression de Tours
Et enfin, finissons par cette "évidente" différence entre finesse et dépouillement :

  • Fin : qui est délicat et légèrement marqué, implique dans notre cas que tous les traits soient bien dessinés, il s'agirait donc d'une impression soignée issue d'une pierre peu utilisée,
  • dépouillé : à qui on a enlevé tout superflu, il pourrait s'agir d'une impression sur une pierre qui a été retraitée à l'acide et qui a donc perdu certains traits...
Bon, passons à une revue de ce que proposent quelques grandes maisons de vente aux enchères. Eh bien ce n'est pas simple ; cela est même assez variable en fonction des maisons :

  • certaines appellent impression fine de Tours, toute vignette 40 A brun-rouge sur papier jaunâtre ou non, les exemplaires neufs paraissant plus jaunâtres que crèmes, à l'inverse des exemplaires oblitérés,
  • l'une parle de chocolat-clair pour l'appellation fine de Tours, le chocolat-clair de ces dernières me paraissant systématiquement plus rouge que pour les exemplaires non identifiés de Tours,
  • quelques unes excluent de l'appellation les impressions sur papier crème,
Il est évidemment impossible de comparer les aspects d'un site à l'autre d'un catalogue à l'autre, le rendu photographique étant vraiment différent.
Toutes les impressions sont finement rendus, beaucoup sont dépouillées, particulièrement sur le burelage nord. Sur papier jaunâtre l'impression générale est dépouillée. L'impression dite de Tours me paraît fine et dépouillée.

Dillemann émet l'hypothèse d'un envoi à Tours pour examen ou autre motif (p90). On pourrait imaginer effectivement une livraison d'exemplaires pour contrôle de la qualité à la délégation de l'administration alors basée à Tours. Cela pourrait effectivement expliquer l'impression avec une pointe de rouge, sur papier jaunâtre, plutôt que crème, avec pour objectif de ressembler au mieux au type 2 du 2 centimes Empire lauré en vigueur jusque là. Mais pourquoi alors envoyer des vignettes dépouillées ?
Il existe de rares exemplaires oblitérés dans les ventes ; je n'en ai vu qu'avec des cachets à dates non identifiables, sauf un de Rouen mais sans date identifiable (l'aspect du papier me paraissait plutôt crème, mais sur un scan !).
Roumet VsO n°541 (www.roumet.com)
Conclusion : je n'ai guère avancé sur le sujet ; j'ai néanmoins pu admirer des report I du 40 centimes dans les nuances suivantes :
  • du chocolat, clair à foncé, sur papier blanc-laiteux ou crème d'impression fine et souvent dépouillée
  • du brun teinté de rouge sur papier blanc-laiteux, d'impression fine et souvent dépouillée
  • du brun teinté de rouge sur du papier jaunâtre, d'impression fine et dépouillée.
 

samedi 13 février 2016

Un Bordeaux sur une formule 103 (modèle 1869)

La circulaire n°135 de juillet 1859 introduit les prémices de l'accusé de réception pour une lettre chargée :






La formule 103 a évolué. Le formulaire est un imprimé comportant 4 pages, renseignées au fur et à mesure du processus d'avis. Celle-ci date de 1869.



Le receveur de Tilh dans les Landes a rempli le tableau 1 de la page 1 de l'imprimé n°103 le 4 janvier 1871, ainsi que le registre n°18 sous le numéro d'inscription 67. 



Tableau 1 page 1, le formulaire accompagne le chargement à destination de Pau.

Le timbre apposé est le timbre à date du bureau de distribution du type 24 de la commune de Tilh. Le même timbre est apposé en page 4.



Le receveur de Tilh appose un timbre-poste en page 3 du formulaire. Il s'agit d'un 10 centimes de la série de Bordeaux, qu'il annule avec son losange de points GC 3961.


Le formulaire suit ensuite la lettre chargée jusqu'au bureau de destination de Pau dont le receveur complète le tableau 2 de la page 1. Il indique que le chargement a été délivré le 4 janvier au destinataire, un certain M. Laborde, habitant 16 rue de la Préfecture à Pau, qui en a donné reçu. Il y appose son timbre à date type 16 ainsi que sur la page 3.




Le formulaire retourne alors à Tilh afin de confirmer la distribution effective du chargement.


 Le prix de l'avis sera porté à 20 centimes lors du changement de tarification postale du 1er septembre 1871. Pour l'instant je n'ai pas encore vu de 20 centimes de Bordeaux sur cet imprimé. 

Le prix de l'avis était  également de 20 centimes pour accompagner un chargement à destination d'un bureau français à l'étranger. Le processus ne fonctionnait pas pour les lettres vers les bureaux des administrations postales étrangères.
La rue de la Préfecture à Pau a été rebaptisée rue Maréchal Joffre.