mercredi 10 mai 2023

Les Feuilles Marcophiles n°389 - une lettre signée Augé-Delile

Je me permets de réagir à l'article de Monsieur Jean-Jacques CURGY publié dans les Feuilles Marcophiles N°389 de l'Union Marcophile au sujet des difficultés de fabrication des timbres-Poste de l'émission de Bordeaux.

J'ai eu le plaisir de voir mon modeste blog cité dans cet article et je remercie Monsieur CURGY. Le thème du billet cité était la Maison Augé-Delile.

Si la lettre signée Augé-Delille du 4 mai 1871 présentée dans l'article illustre bien les difficultés d'approvisionnement des couleurs utilisées pour la fabrication des timbres-poste, il me semble également judicieux d'en donner le contexte et d'en préciser le contenu.

reproduction de la lettre présentée dans l'article de Monsieur Jean-Jacques CURGY dans le N°389 des Feuilles Marcophiles, page 31


Ces précisions sont données notamment par Fernand SERRANE dans son ouvrage de 1925 " Les Timbres-Poste de l'émission de Bordeaux (1870), 1ère Edition et des addenda à cet ouvrage ; 
  • il s'agit d'une réponse d'Augé-Delile à Monsieur le Directeur des Postes du département de la Gironde qui le questionna au sujet de timbres-Poste contrefaits,
  • Augé-Delile affirme dans cette lettre que les 20 centimes qu'il a expertisé proviennent de la matrice effectuée sur bois,
  • Fernand Serrane dans son ouvrage utilise cette réponse ainsi que la présence dans l'inventaire du matériel détruit par l'administration (procès-verbal du 12 août 1871 signé par MM. Lapouyade et Delebecque), d'une matrice en bois, pour prouver l'existence d'un timbre-Poste 20 centimes  issu de cette matrice : " Cette gravure sur bois a une existence certaine" (page 14 de l'ouvrage)
  • Dans la première page des addenda de la 1ère édition (peut être y-a-t-il eu une 2nde édition ?), M. Serrane rectifie ses propos en rapportant une déclaration de M. Dambourgez : " il n'y eût jamais de report de cette gravure sur bois".

lundi 3 avril 2023

Un 44 type I coupé en diagonale à la VPN d'octobre 2022 de Brun et Chandanson

Pour compléter les billets précédents sur le sujet : 

- Timbres de Bordeaux coupés

- Un coupé en diagonale du 40 centime à la VsO n°22 de Behr

- Un Bordeaux n°43 coupé en 2 dans Documents Philatéliques n°218

voici un  20 c Bordeaux type I, n° 44 oblitéré GC 1186 sur une lettre de COURSEGOULES du 20/11/70 pour VANCE.


J.F. BRUN et B. CHANDANSON, vente à prix nets octobre 2022

lundi 30 décembre 2019

Planchage des Bordeaux

J'avais essayé dans une série de 3 post de résumer la fabrication lithographique et ses effets sur le rendu des timbres-poste : les reports et les états : la gravurele reportrésumé.

Il y a néanmoins un point que je n'avais pas appréhendé : le planchage. Je ne sais pas si le terme est exactement approprié, il s'agit de reconstituer une feuille complète de 300 vignettes en utilisant les défauts spécifiques de fabrication.

Effectivement, chaque timbre-poste comprendra non seulement les particularités liées eu dessin sur la pierre, celles liées au procédé de report sur la matrice de 15 vignettes, mais également celles liées au report de celle-ci sur la pierre de fabrication.

Ainsi chaque timbre-poste ayant la même position dans un bloc report aurait en plus, des défauts spécifiques à son positionnement sur la pierre de fabrication. Ces défauts sont spécifiques à chaque pierre d'impression fabriquée.

C'est en étudiant le matériel du Musée de la Poste que le Dr Fromaigeat de l'Académie de Philatélie, a répertorié ces signes distinctifs. Les feuilles étant incomplètes, les informations recueillies ne permettent pas de les reconstituer toutes. L'ensemble de l'étude a été présenté en février 1959 à l'occasion d'une exposition au Ministère des PTT sur le sujet de la guerre de 1870 et de la Commune, et édité dans l'Echo de la Timbrologie à partir de janvier 1959.

Je ne possède pas tous les numéros de l'Echo, mais en voici la présentation du 30 centimes tel qu'apparaissant dans le numéro 1305 du 6 septembre 1962 :

Dr Fromaigeat, l'Écho de la Timbrologie, n°1305 du 6 septembre 1962, page 456

Les feuilles sont étudiées par panneau droite à gauche, les timbres sont numérotés de 1 à 150 par panneau : le 1 est le premier timbre à gauche sur la ligne du haut, le 150 est le timbre de droite de la 15ème ligne, chaque ligne comportant 10 vignettes :

En gras la numérotation du panneau


La nomenclature de localisation des défauts utilisée pas Le Dr Fromaigeat est la suivante :
  • F : filet extérieur, fi : filet intérieur
  • Im : imbriquement, c'est à dire briquetage, les lignes du haut sont comptées du haut vers le bas, les lignes du bas, du bas vers le haut
  • Gr : grecque,
  • Med : médaillon,
  • Pe : perle, PeNE : perle Nord-Est, PeNO : perle Nord-Ouest...
  • Hr : hauteur, 
  • Pt : point

Le positionnement géographique est classique N(ord) pour la partie haute, S(ud) pour la partie basse, O(uest) et E(st) pour les côtés.

Revenons au 30 centimes que j'affectionne particulièrement, sans doute parce qu'il est très facile à identifier dans le bloc-report.
Essayons de placer les timbres dans le panneau de gauche :
  • mon exemplaire n°1 du bloc report, s'il est du panneau gauche, devrait avoir les caractéristiques du 1, 6, 41, 46, 71, 76, 101, 106, 131 ou 136
  • mon exemplaire n° du bloc report, s'il est du panneau gauche, devrait présenter les défauts spécifiques des positions 2, 7, 42, 47, 72, 77, 102, 107, 131 ou 137...
Positions possibles des timbres dans un panneau, droite ou gauche en fonction de leurs positions dans le bloc report

Par contre, toutes les positions du panneau gauche du 30 centimes n'ont pas été caractérisées ; le tableau suivant présente les positions :

positions décrites dans le panneau gauche du 30 centimes, en fonction des positions dans le bloc report.


J'ai réussi à plancher des timbres dans les positions suivantes :

  • position 10 du bloc-report, position 140 du panneau de gauche 

La caractéristique de cette position est le poil sur le nez.
  • position 13 du bloc-report, position 88 du panneau de gauche

La caractéristiques de cette position dans le panneau est le point blanc derrière la tête.

Je n'ai malheureusement pu positionné qu'une faible partie de mes 30 centimes. Il manque le panneau droit et ~40 % des vignettes du panneau gauche. Je m'attendais à réussir à placer 10 à 15 % de mes 50 timbres de cette valeur.
La construction de la planche est fastidieuse. Les timbres-poste doivent être bien venus et les oblitérations suffisamment légères. De nombreux défauts doivent apparaître également de l'impression elle-même et"l'usure" de la planche due à l'étalement des zones encrées doit faire disparaître une parties des signes distinctifs.

Je me pose également la question de la pertinence de l'ensemble des signes distinctifs; les articles décrivent peu le matériel qui a été étudié et on peut se demander s'il était en quantité suffisante pour statuer sur les signes distinctifs des position de planche.

Et pour finir ce billet, considérons les nombreuses variétés que nous trouvons en vente sur les sites d'enchères bien connus. Combien sont en réalité, des défauts de report de la matrice vers la pierre d'impression ?

dimanche 4 novembre 2018

Une lettre chargée tricolore

Au 1er septembre 1871, le taux de chargement est de 20 centimes par tranche de 100 francs auquel on ajoute la taxe de la charge qui est de 50 centimes soit un total de 90 centimes pour la valeur déclarée de 200 francs. Est ajoutée la valeur normale d'affranchissement qui est de 25 centimes pour une lettre de moins de 10 grammes (1er échelon entre 2 villes, tarif en vigueur après le 1er septembre 1871) ce qui donne un affranchissement total de 1,15 francs.
L’affranchissement se compose de 3 émissions de 3 couleurs différentes pour une valeur de 1,15 francs : Napoléon dentelé vert 5 centimes (Y&T n°35), Napoléon lauré rose 80 centimes (Y&T n°32), Cérès de Bordeaux 30 centimes brun (Y&T n°47).
· Oblitération :
o Cachet à date double cercle du 31 août 1872 de Nevers dans la Nièvre (56),
o Losange PC 2654 (le 2654 est bien le code de Nevers en GC),
· Cachet rouge chargE avec Inscription manuscrite « valeur deux cents francs »
· N° d’inscription 951 ?


· Cachet à date double cercle du 31 août 1872 de Bourges dans le Cher (17)
· Le timbre du descriptif du chargement : la lettre pesant 9 grammes et 50 centigrammes est fermée par 5 cachets de cire rouge avec empreinte JL ; l'indicatif est normalement représenté par le chiffre du bureau.
· N° d’inscription manuscrite 979 ?

samedi 31 mars 2018

"Autopsie" d'un essai inversé du 20 centimes type II

J'ai acheté il y a plusieurs années cet "essai" sur un site marchand connu ; cet essai inversé m'ayant interpellé. Il s'agirait d'un essai du second type du 20 centimes.




Comme souvent, je l'ai à peine regardé et laissé de côté le timbre-poste par manque de temps et d'idée claire sur le sujet. En effet je ne comprenais pas ni comment ni pourquoi avait été créé cette pièce.

Pour obtenir une impression inversée, l'empreinte ne peut pas être réalisée directement  sur une pierre d'impression, ni sur une pierre report ni sur une matrice puisque ces pierres sont en négatif. Je pense que cela clos la notion d'essai. Qui plus est la qualité générale à l’œil n'est pas très bonne ce qui est plutôt bizarre pour un essai.

J'en profite pour remettre ici les différents posts que j'ai réalisé sur la fabrication des timbres-postes en lithographie :

  1. procédé lithographique 1
  2. procédé lithographique 2 - le report
  3. procédé lithographique - résumé en dessin

Où il y a t il de l'encre de couleur ? Evidemment sur la pierre d'impression. Comment s'imprimerait un papier en négatif ? Revisionnons ce magnifique film de l'INA sur le procédé lithographique.

L'impression peut avoir lieu sur les papiers ou éléments de calage entre le couteau et la pierre et par transfert inverse, on obtiendrait potentiellement ce résultat. Mais le résultat serait de très médiocre qualité, ce qui ne correspond pas à l'état général du timbre.

Que dire également du fond bleu. Il n'y en n'a pas sur les Cérès de bordeaux. Il me semble que jusqu'au type Sage le papier était teinté dans la masse. Sur les Bordeaux, il y avait bien un fond de sûreté, mais quel en aurait été l’intérêt sur un essai ?

J'en étais resté là à l'époque. Et aujourd'hui, je reprends ce timbre et ma loupe, et ?



Remarquable découverte historique: dès 1870, la Poste possédait des imprimantes matricielles !


Bon je me suis fait avoir, ma curiosité m'a perdu, il s'agit d'un faux grossier récent pour collectionneur peu éclairé en mal de variété. Le seul homme à ne jamais faire d'erreur est celui qui ne fait rien! (on se console comme on peut).

samedi 3 mars 2018

Autopsie d'un essai du 1 centime

Acheté sur le site d'un marchand connu cet "essai" du report 2 du 1 centime. D'un premier abord, cela semble correspondre :
- ombre sous l'œil formé par des tirets,
- légère ligne blanche derrière la tête.


L'exemplaire est particulièrement intéressant, on y voit nettement les retouches effectuées pour réduire certains défauts :
- ombre sous les yeux :  elle est formée de 8 traits légèrement inclinés vers le bas sur la gauche,  ayant été séparés par grattage,


- On voit également le grattage d'une ligne parasite entre le 1 de gauche et le C, ainsi que dans la boucle du C


- Des lignes ondulées ont été séparées par grattage entre le 1 de droite et  le cercle de perles :



Le bas de feuille me fait naturellement rechercher les particularités des exemplaires 11 à 15. Cet essai n'est pas un report 2.

J'effectue la même recherche parmi les signes distinctifs des timbres-poste des positions 11 à 15 du report 3. A la première recherche, je ne trouve pas.

Procédons donc autrement ; parmi les défauts apparents, se trouve cet accroc au nord-ouest du cercle de perles : le cercle est presque rompu et une trace de grattage est apparente.



La position qui se rapproche le plus de ces "défauts"  est la position 13 du bloc-report. Par contre les signes distinctifs de mon ouvrage de référence me paraissent manquer de précisions.




Effectivement, on retrouve bien dans l'ouvrage des Browns les grattages visibles au niveau de 1 de droite pour les timbres-poste du report 3. Par contre les signes distinctifs de la position 13 sont :

  • le petit point dans le cadre au-dessus du P de REPUB : il est présent sur cet essai,
  • un trait supplémentaire entre 2 vagues de tirets à droite du C de gauche  : il est plutôt faible sur l'essai,
  • un point de couleur dans le cercle en dessous du E de REPUB : dans l'essai ce point est peu apparent, il a été gratté,
  • une perle atrophiée juste en dessous de ce dernier point de couleur : dans l'essai ce n'est pas flagrant.
J'ai le plaisir de posséder plusieurs exemplaires incontestables de timbres de cette position.




Je confirme que le point dans le cercle est assez faible ; par contre on voit assez bien le défaut dans le cercle créé par le même grattage.

Mon essai est bien un report 3 du 1 centime, position 13.

dimanche 12 mars 2017

La pièce du mois (mars 2017) : Croix rouge et Bordeaux

Les ambulances civiles sont réunies sous l'égide de la croix rouge ; elles apportent une aide précieuse au Service de Santé des Armées. La convention de Genève de 1864 protège le personnel de secours, militaire et civil, porteur de la croix rouge.


Cette enveloppe sans courrier à destination de Mademoiselle de la harpe à Genève présente :

  • un cachet à date de type 17 du 3 mai 1871 de St Quentin dans l'Aisne
  • un cachet rouge double-cercle "Ambulance du Temple" St Quentin avec croix rouge intérieure, ce cachet est listé par le Spécialisé de 1975,
  • un cachet "Port payé jusqu'à Destination" rouge encadré qui ne se rencontre que sur le courrier à destination de l'étranger,
Le timbre-Poste est logiquement affranchi par un losange GC 3827. L'affranchissement est de 30 centimes pour une lettre de moins de 10g.

Au verso, un cachet de Genève du 6 mai 1871.

samedi 4 mars 2017

Les faux de la série des Bordeaux : le faux de Morlaix

Etant interrogé, il y a plusieurs années déjà, par un des lecteurs de ce blog sur ces timbres, je n'avais pu répondre de manière précise, n'ayant pas en ma possession ou à disposition les ouvrages nécessaires.


Ce qui intriguait ce philatéliste était que les documents en sa possession correspondent à la description du livre d'Edmond LOCARD : "Manuel du Philatéliste" :


















Son propriétaire essayait également de trouver un expert pouvant l'aider sur le forum de"timbres de France".


Néanmoins j'avais examiné les timbres-poste :



Sur l'enveloppe, je pense qu'il s'agit d'un Cérès de l'émission provisoire type II, report 2, vraisemblablement position 2 du bloc-report pour les raisons suivantes :
·         il ne peut s'agir du type I, ni report 1, ni report 2. L'aspect général est fortement différent.
·         la date du cachet double cercle est le 22 décembre 1870. La première date d'utilisation du type III est du 26 décembre pour le report 1 et du 14 janvier 1871 pour le report 2. La grecque en nord-ouest n'est pas caractéristique du type III.
·         la 1ère rangée de raisin présente 3 grains, il n'y a pas de ligne blanche prononcée derrière la tête, ce qui élimine les reports 1 et 3 du type II.
·         la cassure du briquetage en nord-est par rapport au cercle et les défauts de briquetage en sud-ouest, colonnes 3 et 5 sont caractéristiques de la position 2.

mes constatations correspondent à ce que rapporte E. Locard sur le timbre-poste de la lettre.

Passons au timbre-poste du fragment :



On peut comprendre que Locard parle de faux rappelant le type I de l'émission : les ombres sont formées de points et tirets, la distance entre le cercle de perles et le cadre haut du briquetage est important ...

Pas de doute, il ne s'agit pas d'un faux de Marseille type I, II ou III : voir faux du 20 c. La qualité du dessin, malgré les points et traits blancs qui l'inondent est indéniable.

Comparons ce timbre-poste avec le faux de Morlaix identifié par le Dr. Grasset :


 Malgré les difficultés liées à la mauvaise qualité des reproductions, comparons élément par élément :


  • couleur : impossible à comparer
  • dimension : impossible à comparer
  • déformation du 2 de gauche : il est plus rond chez Grasset,
  • le C de gauche trop grand : j'ai l'impression que c'est l'inverse,
  • déformation du 2 de droite : les 2 sont déformés de façon nettement différente,
  • le C de droite plus éloigné du 20 : chez Grasset, cela provient peut-être du fait que le C soit faiblement rendu,
  • P trop petit : c'est vrai, mais chez Grasset, ce défaut est plus net,
  • Les S sont penchés vers l'arrière : pas vraiment, même s'ils sont déformés,
  • Ombre sous l'oeil trop marqué : difficilement visible mais cela ne me semble pas vrai
  • narine et bouche : impossible à voir,
  • Ombre sur le cou formé par des points et des traits : vrai
  • Burelage grossier et irrégulier : irrégulier, c'est vrai, par contre il m'apparaît assez finement dessiné par endroits
  • Foliole sans point central : faux, le point est visible au nord-ouest,
  • un point supplémentaire dans le carré nord-ouest : faux,
  • 2 points en oblique avant REPUB : vrai, mais ce ne sont pas les mêmes points,
  • Grecques incomplètes au nord-est, grecques ne se rejoignant pas : effectivement les grecques ne se rejoignent pas partout, mais celle en nord-est sont relativement bien dessinées,

Comparons maintenant ce timbre-poste avec un Y&T n°44A :

Les 4 timbres-poste de droite viennent du site bordeaux.france-timbres.net. Ce sont des exemplaires positionnés dans le bloc-report du 44A.


Quelles sont les points communs entre ces vignettes identifiées du 44A et notre énigme :

  • le nombre de perles est identique : 97
  • le nombre de colonnes dans le briquetage du haut  est identique: 54
  • tous les timbres-poste possèdent une ligne blanche derrière les cheveux plus ou moins marquée,
  • le 2 de gauche est plus faible qu'à droite,
  • la base du 2 de droite est forte
  • le C de droite est assez fort,
  • la barre centrale du E de POSTES ressemble plus à un triangle qu'à un trait,
  • Certaines folioles n'ont pas de point central,
  • on retrouve la perle un peu forte collée au cercle au dessus du O de POSTES,
  • dimensions du timbre-poste et des légendes : les dimensions sont quasi identiques entre notre supposé faux de Morlaix et le timbre-poste Y&T n°45 ce qui correspond à ce que j'ai pu constaté dans mes exemplaires personnels,


Les comparaisons sont nombreuses, je suis persuadé qu'il s'agit d'un timbre-poste authentique du 1er type du 20 centimes. Je ne m'explique pas la "grêle" qui défigure le dessin.


Conclusions :

  1. les pièces présentées correspondent à ce que E. Locard décrit dans son ouvrage,
  2. Le timbre-poste sur fragment ne correspond pas à la description du faux de Morlaix du Dr Grasset qui n'avait pas vu les pièces décrites par Locard,
  3. Hormis la "grêle" qui modifie l'aspect de la vignette, les ressemblances avec le 44 sont trop importantes pour qu'il s'agisse d'un faux.

dimanche 31 juillet 2016

Timbres de Bordeaux coupés

Un affranchissement de fortune est par définition un acquittement de l’affranchissement inhabituel, non prévu par les règles postales en vigueur, en raison d’un événement à caractère exceptionnel. Les timbres coupés en font partie. 
Ces affranchissements ont pour origine la pénurie dans certains bureaux de poste de valeurs, notamment les plus faibles. Yvert et Tellier sépare ces affranchissements en 2 périodes : celle de la guerre proprement dite et celle de la modification du tarif de septembre 1871, la conséquence reste néanmoins identique.
Concernant les Cérès de Bordeaux, le spécialisé relève les affranchissements suivants :
  • période de la guerre :
    • 20 c type III, coupé en 4 du bureau de Limoges,
    • 40 c coupé en 2 verticalement du bureau de Cornus dans l'Aveyron,
    • 80 c coupé en 4 du bureau de Clerval.
  • période de septembre 1871 :
    • 10 c coupé diagonalement,
    • 10 c coupé verticalement,
    • 20 c type III coupé en 4 du bureau de Limoges.

Exemples d'affranchissement de la période de la guerre :
  • La maison Boule présente dans sa vente sur offre n°108 ce 40 centimes coupé en 2 verticalement avec une mention manuscrite " Bon pour 20 c", de Hierson dans l'Aisne. L'oblitération est composé d'un losange GC 1802 et d'un CaD de type 17 du 3 juin 1871.





  • Des quarts de 80 centimes provenant des ouvrages spécialisés d'Yvert et Tellier de 1975 et de 2000. Les 2 lettres proviennent de Clerval dans le Doubs.









  • Un 80 centimes coupé en 2 pour former un affranchissement en lettre simple d'Alexandie vers Marseille.





Exemples d'affranchissement de septembre 1871 :


  • Sur ce site dédié à la marcophilie de l'Yonne (marcophilie-yonne.pagesperso-orange.fr) est présenté ce 10 centimes coupé diagonalement de Joigny vers Auxon dans l'Aube. L'oblitération est composée d'un lodange GC 1876 et d'un cachet à date de type 17 du 3 septembre 1871.


  • Sur le site de www.timbresmag.com, nous trouvons un autre Bordeaux 43 coupé en diagonal pour obtenir une valeur de 5 centimes,  de Solre-le-Château dans le Nord.


  • En association avec un 25 centimes (Y&T n°60A), un 10 c bistre report 1 coupé diagonalement de Sarrance (GC 3303), pour former un affranchissement à 30 centimes.

jeudi 18 février 2016

Les impressions de Tours

Je viens de voir dans une ancienne vente aux enchères plusieurs timbres-poste 2 centimes report 1, identifiés comme impressions de Tours. Jusque là, rien d'étonnant quoique je ne sache pas vraiment ce que cela signifie, hormis que le timbre ne vienne pas de Tours et qu'il s'agisse d'une vignette dont le rendu est particulièrement fin.
Ce qui retient mon attention, c'est la couleur de cette impression de Tours : chocolat clair ! Tiens donc, je pensais que le chocolat clair était la couleur usuelle du report 1 et que la nuance de ladite impression de Tours était brun-rouge !?

2 exemplaires du 2 centimes : à gauche un chocolat-clair, à droite ce qui est présenté comme une impression de Tours. Effectivement les couleurs sont différentes, néanmoins le papier ne ma paraît pas trés jaunâtre. On pourrait même se demander s'il ne s'agit pas d'un 40B malgré l'absence des perles reliées
Donc me voilà reparti à consulter quelques-uns de mes livres, en commençant par ma"bible", l'ouvrage des Brown. Je ne suis pas anglophile, mais je trouve à cet ouvrage 3 avantages : il est à ma connaissance la plus récente monographie sur les Bordeaux, il est synthétique et surtout il cite ses sources bibliographiques !

Que dit on donc de cette "Tours print" (pages 48 et 52) ?
  • le papier est jaune,
  • le timbre-poste est particulièrement délicat, 
  • la nuance usuelle du report 1 est le chocolat sauf pour l'impression de Tours.
J'en étais certain ! Aurais-je raté quelque chose? Consultons nos autres ouvrages !
  1. Le spécialisé, édition  2000 cite une impression dépouillée brun-rouge. L'édition de 1975 précise qu'il s'agit de brun-rouge pâle sur papier jaunâtre d'impression remarquablement fine,
  2. Serrane (1925) p106, ne connaissait pas les 2 reports du 2 centimes mais cite un papier jaunâtre, allant jusqu'au jaune paille dans l'impression soignée dite de Tours ; il n'évoque pas la nuance de la vignette,
  3. Dillemann (1929) : 
    1. p44 et 45 : l'impression dite  de Tours est tirée en brun-rouge sur papier jaune. ce n'est pas une impression fine mais une impression dépouillée,
    2. p89 et 90 : Toujours brun-rouge sur jaune mais avec quelques exemplaires plus bruns ou au contraire plus rouge.
  4. Henri Lorne reprend le descriptif de Dillemann : il y aurait 2 variantes dans le tirage du report 1 : une variante chocolat et une variante de nuance brun-rouge pâle sur papier jaunâtre, dépouillée et fine, dénommée impression de Tours
Et enfin, finissons par cette "évidente" différence entre finesse et dépouillement :

  • Fin : qui est délicat et légèrement marqué, implique dans notre cas que tous les traits soient bien dessinés, il s'agirait donc d'une impression soignée issue d'une pierre peu utilisée,
  • dépouillé : à qui on a enlevé tout superflu, il pourrait s'agir d'une impression sur une pierre qui a été retraitée à l'acide et qui a donc perdu certains traits...
Bon, passons à une revue de ce que proposent quelques grandes maisons de vente aux enchères. Eh bien ce n'est pas simple ; cela est même assez variable en fonction des maisons :

  • certaines appellent impression fine de Tours, toute vignette 40 A brun-rouge sur papier jaunâtre ou non, les exemplaires neufs paraissant plus jaunâtres que crèmes, à l'inverse des exemplaires oblitérés,
  • l'une parle de chocolat-clair pour l'appellation fine de Tours, le chocolat-clair de ces dernières me paraissant systématiquement plus rouge que pour les exemplaires non identifiés de Tours,
  • quelques unes excluent de l'appellation les impressions sur papier crème,
Il est évidemment impossible de comparer les aspects d'un site à l'autre d'un catalogue à l'autre, le rendu photographique étant vraiment différent.
Toutes les impressions sont finement rendus, beaucoup sont dépouillées, particulièrement sur le burelage nord. Sur papier jaunâtre l'impression générale est dépouillée. L'impression dite de Tours me paraît fine et dépouillée.

Dillemann émet l'hypothèse d'un envoi à Tours pour examen ou autre motif (p90). On pourrait imaginer effectivement une livraison d'exemplaires pour contrôle de la qualité à la délégation de l'administration alors basée à Tours. Cela pourrait effectivement expliquer l'impression avec une pointe de rouge, sur papier jaunâtre, plutôt que crème, avec pour objectif de ressembler au mieux au type 2 du 2 centimes Empire lauré en vigueur jusque là. Mais pourquoi alors envoyer des vignettes dépouillées ?
Il existe de rares exemplaires oblitérés dans les ventes ; je n'en ai vu qu'avec des cachets à dates non identifiables, sauf un de Rouen mais sans date identifiable (l'aspect du papier me paraissait plutôt crème, mais sur un scan !).
Roumet VsO n°541 (www.roumet.com)
Conclusion : je n'ai guère avancé sur le sujet ; j'ai néanmoins pu admirer des report I du 40 centimes dans les nuances suivantes :
  • du chocolat, clair à foncé, sur papier blanc-laiteux ou crème d'impression fine et souvent dépouillée
  • du brun teinté de rouge sur papier blanc-laiteux, d'impression fine et souvent dépouillée
  • du brun teinté de rouge sur du papier jaunâtre, d'impression fine et dépouillée.