dimanche 12 mars 2017

La pièce du mois (mars 2017) : Croix rouge et Bordeaux

Les ambulances civiles sont réunies sous l'égide de la croix rouge ; elles apportent une aide précieuse au Service de Santé des Armées. La convention de Genève de 1864 protège le personnel de secours, militaire et civil, porteur de la croix rouge.


Cette enveloppe sans courrier à destination de Mademoiselle de la harpe à Genève présente :

  • un cachet à date de type 17 du 3 mai 1871 de St Quentin dans l'Aisne
  • un cachet rouge double-cercle "Ambulance du Temple" St Quentin avec croix rouge intérieure, ce cachet est listé par le Spécialisé de 1975,
  • un cachet "Port payé jusqu'à Destination" rouge encadré qui ne se rencontre que sur le courrier à destination de l'étranger,
Le timbre-Poste est logiquement affranchi par un losange GC 3827. L'affranchissement est de 30 centimes pour une lettre de moins de 10g.

Au verso, un cachet de Genève du 6 mai 1871.

samedi 4 mars 2017

Les faux de la série des Bordeaux : le faux de Morlaix

Etant interrogé, il y a plusieurs années déjà, par un des lecteurs de ce blog sur ces timbres, je n'avais pu répondre de manière précise, n'ayant pas en ma possession ou à disposition les ouvrages nécessaires.


Ce qui intriguait ce philatéliste était que les documents en sa possession correspondent à la description du livre d'Edmond LOCARD : "Manuel du Philatéliste" :


















Son propriétaire essayait également de trouver un expert pouvant l'aider sur le forum de"timbres de France".


Néanmoins j'avais examiné les timbres-poste :



Sur l'enveloppe, je pense qu'il s'agit d'un Cérès de l'émission provisoire type II, report 2, vraisemblablement position 2 du bloc-report pour les raisons suivantes :
·         il ne peut s'agir du type I, ni report 1, ni report 2. L'aspect général est fortement différent.
·         la date du cachet double cercle est le 22 décembre 1870. La première date d'utilisation du type III est du 26 décembre pour le report 1 et du 14 janvier 1871 pour le report 2. La grecque en nord-ouest n'est pas caractéristique du type III.
·         la 1ère rangée de raisin présente 3 grains, il n'y a pas de ligne blanche prononcée derrière la tête, ce qui élimine les reports 1 et 3 du type II.
·         la cassure du briquetage en nord-est par rapport au cercle et les défauts de briquetage en sud-ouest, colonnes 3 et 5 sont caractéristiques de la position 2.

mes constatations correspondent à ce que rapporte E. Locard sur le timbre-poste de la lettre.

Passons au timbre-poste du fragment :



On peut comprendre que Locard parle de faux rappelant le type I de l'émission : les ombres sont formées de points et tirets, la distance entre le cercle de perles et le cadre haut du briquetage est important ...

Pas de doute, il ne s'agit pas d'un faux de Marseille type I, II ou III : voir faux du 20 c. La qualité du dessin, malgré les points et traits blancs qui l'inondent est indéniable.

Comparons ce timbre-poste avec le faux de Morlaix identifié par le Dr. Grasset :


 Malgré les difficultés liées à la mauvaise qualité des reproductions, comparons élément par élément :


  • couleur : impossible à comparer
  • dimension : impossible à comparer
  • déformation du 2 de gauche : il est plus rond chez Grasset,
  • le C de gauche trop grand : j'ai l'impression que c'est l'inverse,
  • déformation du 2 de droite : les 2 sont déformés de façon nettement différente,
  • le C de droite plus éloigné du 20 : chez Grasset, cela provient peut-être du fait que le C soit faiblement rendu,
  • P trop petit : c'est vrai, mais chez Grasset, ce défaut est plus net,
  • Les S sont penchés vers l'arrière : pas vraiment, même s'ils sont déformés,
  • Ombre sous l'oeil trop marqué : difficilement visible mais cela ne me semble pas vrai
  • narine et bouche : impossible à voir,
  • Ombre sur le cou formé par des points et des traits : vrai
  • Burelage grossier et irrégulier : irrégulier, c'est vrai, par contre il m'apparaît assez finement dessiné par endroits
  • Foliole sans point central : faux, le point est visible au nord-ouest,
  • un point supplémentaire dans le carré nord-ouest : faux,
  • 2 points en oblique avant REPUB : vrai, mais ce ne sont pas les mêmes points,
  • Grecques incomplètes au nord-est, grecques ne se rejoignant pas : effectivement les grecques ne se rejoignent pas partout, mais celle en nord-est sont relativement bien dessinées,

Comparons maintenant ce timbre-poste avec un Y&T n°44A :

Les 4 timbres-poste de droite viennent du site bordeaux.france-timbres.net. Ce sont des exemplaires positionnés dans le bloc-report du 44A.


Quelles sont les points communs entre ces vignettes identifiées du 44A et notre énigme :

  • le nombre de perles est identique : 97
  • le nombre de colonnes dans le briquetage du haut  est identique: 54
  • tous les timbres-poste possèdent une ligne blanche derrière les cheveux plus ou moins marquée,
  • le 2 de gauche est plus faible qu'à droite,
  • la base du 2 de droite est forte
  • le C de droite est assez fort,
  • la barre centrale du E de POSTES ressemble plus à un triangle qu'à un trait,
  • Certaines folioles n'ont pas de point central,
  • on retrouve la perle un peu forte collée au cercle au dessus du O de POSTES,
  • dimensions du timbre-poste et des légendes : les dimensions sont quasi identiques entre notre supposé faux de Morlaix et le timbre-poste Y&T n°45 ce qui correspond à ce que j'ai pu constaté dans mes exemplaires personnels,


Les comparaisons sont nombreuses, je suis persuadé qu'il s'agit d'un timbre-poste authentique du 1er type du 20 centimes. Je ne m'explique pas la "grêle" qui défigure le dessin.


Conclusions :

  1. les pièces présentées correspondent à ce que E. Locard décrit dans son ouvrage,
  2. Le timbre-poste sur fragment ne correspond pas à la description du faux de Morlaix du Dr Grasset qui n'avait pas vu les pièces décrites par Locard,
  3. Hormis la "grêle" qui modifie l'aspect de la vignette, les ressemblances avec le 44 sont trop importantes pour qu'il s'agisse d'un faux.